une journée de télévision francaise décryptée

Eric Macé, Auteur de « La Société et son double » (éd. INA /
Armand Colin) a été interviewé par le magazine 20 minutes :

– Pendant trois ans, vous avez disséqué toutes les émissions d’une journée télé ordinaire. Pourquoi ?

Parce qu’on parle sans cesse du petit écran sans jamais l’analyser vraiment. J’ai donc visionné tout ce qui était passé sur les six chaînes hertziennes le 28 janvier
2000. Ce qui représente une centaine d’heures de programmes,environ 2500 « émissions »,de la pub au téléfilm,et 15000 personnes, réelles ou fictives.

– Quel portrait tirez-vous de la télé ?

Celui d’un monde conservateur, peuplé en majorité d’hommes blancs des classes moyennes et supérieures. Il ne comprend
que 40 % de femmes. Qui, lorsqu’elles ne font pas la lessive, compliquent la vie en entreprise… Je pense à une pub où trois femmes cadres se retrouvent en cachette au
travail pour manger des yaourts. Sousentendu : elles tirent au flanc ! Les Noirs et les Arabes sont aussi sous-représentés : moins de 3 % de Maghrébins, alors qu’ils
sont la première « minorité » en France.

-Quid de l’homosexualité ?

Elle est encore souvent posée comme un problème à résoudre. Mais est mieux acceptée pour les hommes que pour les
femmes.Dans «C’est mon choix » sur France 3, un couple
masculin est ainsi présenté comme équilibré et amoureux,
alors que les lesbiennes sont masquées et vivent très
mal leur relation.

– Qui est responsable de ces distorsions ?

Ce n’est pas tant « la dictature de l’Audimat » que les idées préconçues des producteurs et des diffuseurs.
Ils anticipent sur ce qu’ils croient être les attentes du
public, sans pouvoir les connaître… Et puisque le nombre de chaînes qui comptent est réduit,la concurrence et donc la prise de risque et la créativité sont faibles.

– N’y a t-il pas eu des progrès, en six ans ?

Ce n’est pas en mettant deux présentateurs noirs aux JT qu’on change profondément les choses.Pour connaître la situation réelle, il faut une mesure précise. Je discute avec le CSA pour créer un baromètre annuel de la représentation des groupes sociaux.

– Les Français peuvent-il s’inspirer d’exemples étrangers ?

Oui, les programmes anglo-saxons prennent mieux en compte les changements de la société. La série « L World » met en
scène des lesbiennes et « Over There » interroge sur la guerre en Irak. La France n’en est pas là. »

J’ai repris l’intégralité de l’interview car c’est exactement ce que je pense depuis longtemps. Il oublie de parler de l’auto-censure ambiante et que je regarde des séries anlglaises qui osent poser des problèmes de société…

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